Surtout ne pas craquer, surtout ne pas penser à mettre le clignotant à droite lorsque  le mental prendra obligatoirement l’ascendant sur le physique, car :

- je m'entraîne depuis des mois pour cet objectif,

- je suis passé par une compétition de 35km à Bourges le 1er septembre qui m'a permis de  me qualifier pour les France,

- j'ai sollicité le groupe des marcheurs et marcheuses lors d'un ultime entraînement long de 38km il y a peu,

- je suis exigeant avec eux lors de séances au stade Maurice Trélut et je me dois de ne pas les décevoir, le coach doit savoir aussi montrer l'exemple,

- j'ai traversé une grande partie de la France pour rejoindre en 15 heures (le train à l'arrivée à Corcieux – photo de l’article) un village sympathique, perdu dans la forêt vosgienne, et cela représente des frais à ne pas négliger.

Au milieu des 39 marcheurs présents (dont un espagnol, trois algériens et un brésilien tous venus pour espérer un chrono de valeur internationale), je pars plutôt serein au moment du départ ce dimanche 27 octobre à 8 heures. Au sein du peloton, un espoir (licencié au CA Balma- banlieue de Toulouse), 15 seniors et  23 vétérans français. Les premiers tours (boucle de 1km) sont réalisés un peu plus vite que prévu à mon tableau de marche mais le rythme est donné : nous sommes au France.

- Les 20 premiers kilomètres sont atteints en 2h 06, à une vitesse supérieure à 9,5km/h et déjà une douleur récurrente s'est réveillée à la base de la cuisse droite depuis 3 km. C'est supportable et il faudra faire avec...Surtout ne pas craquer !

- Les conditions météo ne sont pas favorables - elles ont été qualifiées d'apocalyptiques par le présentateur du journal sportif régional FR3 Lorraine le soir même. Le parcours est en permanence sous le vent. Les bourrasques gênent considérablement les marcheurs. De lourds nuages s'amassent aussi dans le ciel et ne laissent présager rien de bon. Pendant 3/4 d'heure à partir de 10h30, le ciel se vide d'un trop plein accumulé durant des heures et le vent redouble d'intensité... C'est la "galère". Surtout ne pas craquer !

- Je couvre les 30 km en 3h 11’ (9.4km/h). Je respecte mon tableau de marche. L'objectif des 5h 33' pourra être atteint à ce rythme.

- Il me faudra 4h 20 de marche (9.250km/h) pour franchir la ligne des 40km. La fatigue est bien présente. Je me persuade que 10km en 1h13, c'est possible ! Mais la démarche se fait de plus en plus lourde. Un juge me "réveille" en me pénalisant d'un avertissement pour jambe non tendue. Chaque boucle me paraît de plus en plus longue et les chronos au passage de la ligne d'arrivée  m'inquiètent, ils ne sont plus bons... Surtout ne pas craquer, pas maintenant !

- Au 47e km, je sais que je ne pourrais pas réaliser les 5h33'20 (9km/h). J'ai de plus en plus mal à ma cuisse. Françoise qui m'avait demandé de "me bouger" il y a déjà quelques tours m'encourage désormais avec "Raymond, c'est dans la tête ".

- Pour mon dernier tour, au passage devant les pointeurs, je sens un certain "flottement". La cloche libératrice n'est pas actionnée ! A ma demande, Françoise se présente avec ses chronos. Personnellement, je n'en peux plus. Sur ce dernier km, deux violentes crampes à hauteur de ma cuisse droite me stoppent net pendant quelques secondes.  Je repars, je tire sur les bras, je souffle, j'avance...

Prochainement des photos sur le site Marchons.com