En 1915 et surtout en 1916, les belligérants tombent par dizaines de milliers - plus d’un million de combattants dont 442 000 morts ou blessés pour la bataille de la Somme et 700 000 à Verdun dont 362 000 français - sur le front dans la « zone des armées ». L’Union des Sociétés Françaises des Sports Athlétiques n’organisera pas les championnats de France ces deux années.

Mais en 1917 et 1918, alors que les combats perdurent dans l’Est de la France, que des populations sont déplacés au gré des plans de bataille, que Paris est même bombardé, une vie parallèle s’organise sur notre territoire, notamment sportive avec des championnats de tout type, notamment d’athlétisme, au niveau local (département, région) ou national.  

Le Stadoceste tarbais pendant la grande guerre (extrait du livre de Claude LARRONDE - Il y a 100 ans Tarbes)

Le 2 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. La mobilisation est décrétée. Les familles sont décapitées, les clubs décimés. Le terrain de Sarrouilles est réquisitionné. Impuissant à éviter cette réquisition par l’armée, cruellement éprouvé par l’annonce des dégâts meurtriers causés par les premiers combats dans les rangs du Stadoceste, le président Jules SOULE met le club en sommeil. 

Victime d’une fracture du bras, Jean CAUJOLLE avait été réformé temporairement. En octobre, il tenta de relancer le Stadoceste. Cette initiative fut massivement désavouée et le projet tomba à l’eau.

En octobre 1915, on assista à une prolifération de nouveaux clubs, représentants des corporations ou des quartiers de la ville.

C’est ainsi que naquirent le « CA Tarbais », « Tarbes Olympique », « Stade Tarbais », « Etoile sportive Tarbaise » et bien d’autres sociétés.

En août 1916, cette mosaïque de clubs fusionne pour constituer deux gros clubs : L’Union Sportive Tarbaise  et le Club Olympique Tarbais (constitué du club athlétique Tarbais et du Tarbes Olympique) qui peut utiliser le terrain de Sarrouilles libéré de sa réquisition.

Les deux clubs fusionnent au départ de la saison 1918-1919 sous la dénomination de « Stade Tarbais »

Nous sommes donc en présence d'une nébuleuse de nouvelles sociétés dont aucune n’est déclarée dans l’esprit de la loi de 1901. Pour autant, outre les clubs de Bigorre athlétique et de l’association sportive des Nouvelles Galeries de Tarbes dont nous avons la certitude que quelques sociétaires se sont mis à la pratique de l’athlétisme, nous trouvons les renseignements suivants pour d’autres clubs : 

-          Jeunesse sportive tarbaise

Fondée en 1914. Siège social au café de France puis au grand café Régent, place de Verdun.

Date de déclaration 14 juillet 1920 ?

Affiliée à la FFA en 1923

Sur la liste des clubs du comité Armagnac Bigorre en 1924 !

Activités sportives liées au rugby, à l’athlétisme (jusqu’en 1940), au cyclisme, à la natation et à la préparation militaire.

-          U.S. tarbaise (Union Sportive tarbaise : maillot blanc avec liseré noir).

Pas de document précis pour la création de ce club même si l’année 1916 semble crédible avec la fusion de plusieurs sociétés, sans pour autant les identifier.

Un seul nom apparaît, celui de Robert CASMESCASSE, le secrétaire de ce club, que nous retrouverons quelques années plus tard dans le club Ludus Pro Patria  inscrit au Journal Officiel de 1918. Peut-on penser que l’US Tarbaise aurait subsisté que deux à trois ans (une partie de la guerre) et aurait laissé sa place à un nouveau club ?  Surprenant en sachant que ce club se taille une belle réputation dans la région Pyrénées.

En effet, l’Hebdomadaire « Rugby » du 16 juin 1917 présente dans un de ses articles une réunion athlétique organisée par l’US.Tarbaise.

100m – Jauréguy, Aspe 11’’1/5

400m – Jauréguy, 55’’. Ce superbe athlète, qui voulut donner à ses concurrents une démonstration de course sur cette distance, doit pouvoir diminuer son temps de plusieurs secondes.

1 500m : Roquejoffre, 4’35’’

Poids – Jauréguy, 11m02

Long.élan – Aspe, 6m03

Long.sans élan – Aspe, 2m89

Hau.sans élan – Belly, 1m30

Disque – Aspe, 23m50 »

Généralement le premier coureur avait la certitude de son chrono. Pour les autres, une notion de distance était appréciée (ex : 2^e à 1m50).

Le 24 juin 1917, lors du championnat de France à Paris le coureur de l’U.S. tarbaise  ASPE termine 5^e du 100m mais il n’y a pas de référence chronométrique. Deux concurrents devant lui sont de nationalité étrangère. JAUREGUY, militaire, n’a pas pu obtenir de permission.

Le 8 juillet 1917, les athlètes de l’U.S. tarbaise sont invités à une compétition à Toulouse. Si nous retrouvons les athlètes de l’US tarbaise (maillot blanc liséré noir). — Jauréguy, Aspe, Léandre, Roquejoffre, Belly, la présence d’athlètes du Stadoceste est une surprise (maillot mauve liséré rouge) — Balansac, Lemaître, Sagnes, Déo, Mir, Gaston, Camboulives, Epeignol, Rivière, André. 

A la fin de la guerre, le club de l’U .S. tarbaise disparaît car il n’est plus fait allusion de ce grand club. Par contre, d’autres clubs tarbais apparaissent et désormais la déclaration et l’inscription au Journal Officiel deviennent la REGLE.

-          Club Olympique tarbais = fusion du Club athlétique tarbais et du Tarbes Olympique

Le siège est au 7 cours Gambetta.

L’une des meilleures équipes de rugby avec l’US Tarbaise pendant la 1^re guerre mondiale.

Nous sommes en présence du premier club d’athlétisme tarbais officiel qui réalise une déclaration type 1901 à la préfecture.

Déclaration du 14 janvier 1918 et inscription au Journal Officiel le 13 février 1918

Dissous en 1919 pour devenir Stade Tarbais ?

Pour autant le club athlétique tarbais sera identifié sur une compétition en 1924.

-          Ludus Pro Patria – 16 place Marcadieu (café du commerce)

Robert CAMESCASSE – directeur fondateur – a posé les bases de cette société le 21 juin 1917.

Société de préparation militaire, d’athlétisme et de football. Sur un document officiel, il est écrit que l’entraînement se fait sur le terrain du Stadoceste Tarbais.

Cette société est affiliée à l’USFSA soit l’Union des Sociétés Françaises des Sports Athlétiques. Il est à noter que l’appellation de la société correspond à la devise fédérale de l’USFSA « Des jeux pour la Patrie »

Déclaration du 14 mai 1918 et inscription au Journal Officiel le 21 mai 1918.

Lettre de félicitations pour Mr Robert CASMESCASSE (JO du 27 mars 1921)

Affilié à la FFA – Sur la liste des clubs de la Ligue Armagnac Bigorre en 1924.

Cette société cesse de fonctionner en octobre 1930. Elle est rayée de la liste des sociétés agréées.

-          Stade tarbais

Société pour la préparation militaire et tous sports athlétiques.

Déclaration officielle du 23 novembre 1918 et inscription au Journal Officiel le 21 décembre 1918.

Déclaration faisant connaître la fusion Stade-Stadoceste le 13 mai 1919. La revue illustrée de tous les sports « La vie au grand air du 15 mai 1919 » indique la fusion du club olympique tarbais et de l’union sportive tarbaise pour laisser place au retour du grand club.

L’édition du 16 avril 1919 de L’Ouest-Eclair indique « la victoire du Stade Tarbais qui redevient depuis lundi le Stadoceste Tarbais, l’Union ayant interdit au champion d’Armagnac-Bigorre de changer de titre avant la finale… ».

La nouvelle appellation du club Stadoceste Tarbais persiste donc avec l’inscription sur le Journal Officiel en date du 21 mai 1919.

Que sont devenus les athlètes qui ont fait la renommée de l’US Tarbaise ? Il reste donc à découvrir la notion d’athlétisme au sein de ce « nouveau club » et les premières compétitions du Stadoceste Tarbais.

Il ne fait aucun doute que le Stadoceste Tarbais s’est affilié dans un premier temps à l’Union des Sociétés Françaises des Sociétés Athlétiques (USFSA), puis en 1920 à la toute jeune Fédération Française d’Athlétisme.

D’autres clubs après la guerre…

A suivre.